martes, 6 de diciembre de 2011

La labor de escribir según Émile Verhaeren

De antemano me disculpo por la tardanza en publicar algo nuevo. Otras ocupaciones más apremiantes me tenían absorto. Pero ya estoy de vuelta, y ahora me gustaría dar a conocer a un autor que, en mi opinión, debería ser más leído y más valorado fuera de su país o fuera del ámbito francófono. Se trata de Émile Verhaeren, autor muy reconocido en la historia de la literatura belga en lengua francesa, pero casi ignorado fuera de tal contexto.

Y es que al español sólo parecen haberse traducido algunos poemas sueltos de su enorme producción literaria, además, por supuesto, del libro España negra, por ser de interés evidente para el público español. El siguiente texto proviene de una compilación que se tituló “Poemas en prosa”. Pero la verdad es un texto difícilmente clasificable: podría verse también como un ensayo breve y de tono lírico, podría describirse como un texto más bien narrativo pero con tintes poéticos, podría incluso interpretarse como una confesión muy personal acerca de cómo el autor hizo suya la labor de escribir. La escritura y la muerte, parece decirnos Verhaeren, están profundamente imbricadas.

Pongo primero el texto original y después mi traducción.

Un mot

Emile Verhaeren

Il est des mots qui sont d’une volonté telle que se plaire à leur musique ou leur geste, lentement, aimante l’esprit entier. J vécus avec l’un d’eux, toute une année, compagnon assidu le matin, hôte le soir. Je me laissai séduire par sa vie profonde et dardante, et maintenant encore il est là devant moi, taciturne, effrayant, comme un grand malade, qui, certain, par la seule fixité de ses regards, d’être obéi, impose : – « Ecrivez. »

Le jour de notre rencontre, il n’était qu’un assemblage quelconque de majuscules, une chose froide, en bois. J’avais lu cela sur une enseigne. Des linges ballants à un balcon y mirent le soudain coup de vent de leur ombre, et ce passage comme d’une aile, cassée néanmoins para la victoire définitive du soleil, le fit ressortir de son immobilité. Bien qu’après il retombât dans léthargie de matière, pour moi, peut-être pour moi seul, il était quelque chose qui m’avait fait signe. Je le recueillies tel quel et le déposai en un tiroir de ma mémoire, là, jusqu’au moment de nuit que je destine, avant de m’endormir, à regarder sous la flamme pâlement jaunie de la lampe, mes impressions de chaque jour.

J’eus peine à me ressouvenir : les lettres dégrafées gisaient à droite, à gauche, comme les petits ressorts d’une mécanique très vieille, pleine de poussière. Mais la rue où je les avais trouvées jointes, la forme de l’enseigne, le badigeonnage de la façade et surtout la minute d’ombre sur la murale page du soleil dressèrent le mot, glorieusement entier. Je le vis surgir, et cette fois, avec sa personnalité et inquiétante volonté de durer pour ma méditation et mon angoisse.

Je le répétai plusieurs fois de suite, machinalement, ne m’inquiétant ni du sens ni de son âme. Chaque syllabe, sonna comme un timbre d’instrument particulier, les signes se mirent à dessiner leur silhouette, ils me furent un graphique décor, complice de l’harmonie fondamentale des voyelles. Pour satisfaire mon irrésistible désir, je me plus à chanter un air monotone et sans presque le vouloir, le mot s’adaptant à ma musique, le mot ! m’apparut profondément noir.

Je le vis devant moi comme une chose d’ébène fourbie aux angles, avec des mains de lumière. Une forme de catafalque lentement se dégagea, barré de croix. Etymologiquement il ne désignait ni un cercueil ni une draperie, mais des sons de cloches et d’orgue, et des échevellements de torches jetaient leur drame à travers. Il évoquait des soirs de Dies irae interminables, clamés interminablement en des ténèbres de cryptes ou d’absides par de prêtres, sous l’oblique tranchant d’effrayants luminaires.

Peu à peu – et mon absurdité étant de voir s’aggraver l’intensité de la vie – je le vis se mouvoir et acquérir comme une apparence humaine. Du catafalque encore braséant devant mes yeux, il m’avait semblé voir se dégager une forme bientôt confondue avec la fumée multicolore des cierges. Je ne m’étais trompé guère, puisque tout à coup voilà que m’apparut une figuration prévue latente entre les lettres du mot.

Désormais quelqu’un, il ne se sépara de moi. Assidu comme un ami, mais aussi comme un mesureur scrupuleux de mes pensées et de mes actes, tandis que je réfléchissais, je sentais mon cerveau illuminé et comme violé : il traversait mes yeux. Je ne m’éprouvais plus librement penser. Les funèbres certitudes, les à tout jamais déplorables cogitations, la mort ! décidaient de mes réflexions. Je marchais par des allées de pierres sur des linceuls de dalles blanches. Au bout, il était là toujours, corps d’ëbène, avec ses yeux comme des cous d’argent. Et non seulement le soir, mais le jour, en face du merveilleux soleil suspendant des prismes aux franges des nuages. Il dominait ma vision et mon oreille n’entendait que son pas.

Dites, les pressentiments morbides, les vêtements de deuils inconsciemment portés, les larmes douces de Dieu savait quel trépassé, la peur des clartés soudainement éteintes, les silences atrocement gardés, les sourires, hélas ! les hypocrites sourires crispés en masques sur l’intimité de ma toujours pâle terreur. Il m’arrivait de n’oser point ouvrir une porte : derrière il était là, debout – d’hésiter à gagner mon lit : dans le froid des draps froids, il était là, couché. Quand me battaient les tempes, j’écoutais des marteaux battre de la folie, et c’était comme en des temples de marbre nocturnes qu’on sonnait à ténèbres, qu’on sonnait et sonnait à ténèbres, interminablement, pour ma raison.

Je me mis à lire des livres : les pages, sous la fièvre de mes doigts, s’agitaient d’un innombrable tumulte d’ailes fatales ; les phrases de fer, avec les pointes de leurs lettres, sautaient du texte, hostiles comme des vrilles, et vers mes regards, droites. Des jours et des jours dans ma chambre et néanmoins redoutant cette solitude, de derrière mes fenêtres, souvent il m’est arrivé de tendre d’inlassables bras vers les nuages du soir que les automnes sculptaient et cassaient au vent du Nord et qui paraient en colère là-bas les uns comme les autres s’écraser dans a mer. Quelques portraits, je n’osais les fixer : les mains certes tenaient entre leurs doits des fleurs banales ; mais la bouche, mais les lèvres de quelle syllabe dite, de quelle syllabe lentement prononcée, étaient-elles donc mortes ?

Je vécus ainsi longtemps dans la chapelle ardente de sa présence, parmi des cierges et des flambeaux. A telle heure du jour, sa hantise me tirait violemment vers l’alcôve fermée où mon père s’était raidi en cadavre. Et moi-même, je me sentais m’en aller, cloué en bière, entouré de cierges, hélé par des tombes, descendu dans la terre, tandis que lui, le mot, on le plaquait noir sur noir, contre la pierre de mon cerveau.

(Societé nouvelle, 1888)

Una palabra

Emile Verhaeren

(Traducción de Joaquín Rodríguez Beltrán)

Hay palabras que son de una voluntad tal, que el disfrutar de su música o su gesto, lentamente, termina por imantar a toda la mente. Yo viví con una de ellas, un año completo, compañera asidua por la mañana, huésped por la noche. Me dejé seducir por su vida profunda y punzante, y ahora todavía está frente a mí, taciturna, pavorosa, como un gran enfermo que, seguro de ser obedecido por el solo aplomo de sus miradas, impone: –“Escribe.”

El día de nuestro encuentro, no era más que un manojo cualquiera de mayúsculas, una cosa fría, de madera. La había leído en un letrero. Unas ropas que colgaban de un balcón le pusieron la repentina ráfaga de su sombra, y este pasar como de un ala, quebrada no obstante por la victoria definitiva del sol, la hizo brotar de su inmovilidad. Aunque después volvió a caer en su letargo de materia, para mí, tal vez sólo para mí, era algo que me había dado una señal. La recogí tal cual y la deposité en un cajón de mi memoria, ahí, hasta el momento de la noche que dedico, antes de dormirme, a mirar bajo la flama pálidamente amarillenta de la lámpara mis impresiones de cada día.

Me costó trabajo acordarme: las letras desencajadas yacían a la derecha, a la izquierda, como los pequeños resortes de una maquinaria muy vieja, repleta de polvo. Pero la calle donde las había encontrado unidas, la forma del letrero, el encalado de la fachada y, sobre todo, el minuto de sombra sobre la página mural del sol enderezaron la palabra, gloriosamente completa. La vi surgir, y esta vez, con su personal e inquietante voluntad de durar para mi meditación y mi angustia.

La repetí muchas veces al hilo, maquinalmente, sin preocuparme por el sentido ni por su alma. Cada sílaba sonó como el timbre de un instrumento particular, los signos se pusieron a dibujar su propia silueta, se me presentaron como un decorado gráfico, cómplice de la armonía fundamental de las vocales. Para satisfacer mi irresistible deseo, me di el gusto de cantar un aire monótono, y casi sin quererlo, adaptándose la palabra a la música, ¡la palabra!, me apareció profundamente negra.

La vi ante mí como una cosa de ébano bruñida por las esquinas, con manos de luz. Una forma de catafalco lentamente se desprendió, poblada de cruces. Etimológicamente, no designaba ni un ataúd ni paños fúnebres, pero sonidos de campanas y de órgano, y descabellamientos de antorchas lanzaban su drama por medio de ella. Evocaba noches de Dies irae interminables, clamados interminablemente por sacerdotes en tinieblas de criptas o de ábsides, bajo el oblicuo cortante de luminarias espantosas.

Poco a poco, al tiempo que mi absurdo formaba parte de ese ver cómo se agravaba la intensidad de la vida, la vi moverse y adquirir como una apariencia humana. Del catafalco que aún ardía ante mis ojos, me había parecido ver desprenderse una forma pronto confundida con el humo multicolor de los cirios. No me había equivocado, pues de golpe me apareció una figuración al principio vaga, pronto vívida, la misma que había vislumbrado latente entre las letras de la palabra.

Y ella, ya alguien a partir de ese momento, no se separó de mí. Asidua como un amigo, pero también como un tasador escrupuloso de mis pensamientos y mis actos. Mientras reflexionaba, sentía mi cerebro iluminado y como violado: me atravesaba los ojos. Ya no me podía comprobar pensando libremente. Las fúnebres certezas, las para siempre deplorables cogitaciones, ¡la muerte!, decidían mis reflexiones. Andaba por caminos de piedras, sobre mortajas de baldosas blancas. Al final, ahí estaba ella siempre, cuerpo de ébano, con los ojos como clavos de plata. Y no sólo de noche, sino de día, frente al maravilloso sol que suspendía prismas de los caireles de las nubes. Dominaba mi visión, y mi oído no escuchaba sino su paso.

Habla. Los presentimientos mórbidos, las vestimentas de lutos inconscientemente llevados, las lágrimas dulces de sabrá Dios qué fallecido, el miedo a claridades súbitamente apagadas­, los silencios atrozmente guardados, las sonrisas, ¡ay!, las hipócritas sonrisas crispadas en máscaras sobre la intimidad de mi siempre pálido terror. Me ocurría que no me atrevía siquiera a abrir una puerta: ahí detrás estaba ella, de pie; que dudaba de llegar a la cama: en el frío de las sábanas frías, ahí estaba ella, acostada. Cuando me palpitaban las sienes, escuchaba martillos azotando enloquecidos, y eso era como en templos de mármol que se hacían sonar en las tinieblas, que se hacían sonar y sonar en las tinieblas, interminablemente, para mi cordura.

Me puse a leer libros: las páginas, bajo la fiebre de mis dedos, se agitaban por un innombrable tumulto de alas fatales; las frases de hierro, con las puntas de sus letras, saltaban del texto, hostiles como barrenas, y directo hacia mis miradas. Días y días solo en mi cuarto y sin embargo temiendo esta soledad. Desde detrás de mis ventanas, con frecuencia me ocurrió que tendía incansables brazos hacia las nubes de la tarde que los otoños esculpían y destruían con el viento del norte, y que partían coléricas hacia allá, las unas como las otras, para derrumbarse en el mar. Algunos retratos, no me atrevía a verlos detenidamente: las manos seguras asían entre sus dedos flores banales; ¿pero acaso la boca, pero acaso los labios de tal sílaba dicha, de tal sílaba lentamente pronunciada, estaban entonces muertos?

Viví así mucho tiempo en la capilla ardiente de su presencia, entre cirios y antorchas. A tal hora del día, su obsesión me arrastraba violentamente hacia la alcoba cerrada donde mi padre se había hecho un tieso cadáver. Y yo mismo sentía que me iba, clavado en ataúd, rodeado de cirios, invocado por tumbas, bajado dentro de la tierra, mientras que a ella, la palabra, me la soldaban en una placa, negro sobre negro, sobre la piedra del cerebro.

(Societé nouvelle, 1888)

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