martes, 6 de diciembre de 2011

La labor de escribir según Émile Verhaeren

De antemano me disculpo por la tardanza en publicar algo nuevo. Otras ocupaciones más apremiantes me tenían absorto. Pero ya estoy de vuelta, y ahora me gustaría dar a conocer a un autor que, en mi opinión, debería ser más leído y más valorado fuera de su país o fuera del ámbito francófono. Se trata de Émile Verhaeren, autor muy reconocido en la historia de la literatura belga en lengua francesa, pero casi ignorado fuera de tal contexto.

Y es que al español sólo parecen haberse traducido algunos poemas sueltos de su enorme producción literaria, además, por supuesto, del libro España negra, por ser de interés evidente para el público español. El siguiente texto proviene de una compilación que se tituló “Poemas en prosa”. Pero la verdad es un texto difícilmente clasificable: podría verse también como un ensayo breve y de tono lírico, podría describirse como un texto más bien narrativo pero con tintes poéticos, podría incluso interpretarse como una confesión muy personal acerca de cómo el autor hizo suya la labor de escribir. La escritura y la muerte, parece decirnos Verhaeren, están profundamente imbricadas.

Pongo primero el texto original y después mi traducción.

Un mot

Emile Verhaeren

Il est des mots qui sont d’une volonté telle que se plaire à leur musique ou leur geste, lentement, aimante l’esprit entier. J vécus avec l’un d’eux, toute une année, compagnon assidu le matin, hôte le soir. Je me laissai séduire par sa vie profonde et dardante, et maintenant encore il est là devant moi, taciturne, effrayant, comme un grand malade, qui, certain, par la seule fixité de ses regards, d’être obéi, impose : – « Ecrivez. »

Le jour de notre rencontre, il n’était qu’un assemblage quelconque de majuscules, une chose froide, en bois. J’avais lu cela sur une enseigne. Des linges ballants à un balcon y mirent le soudain coup de vent de leur ombre, et ce passage comme d’une aile, cassée néanmoins para la victoire définitive du soleil, le fit ressortir de son immobilité. Bien qu’après il retombât dans léthargie de matière, pour moi, peut-être pour moi seul, il était quelque chose qui m’avait fait signe. Je le recueillies tel quel et le déposai en un tiroir de ma mémoire, là, jusqu’au moment de nuit que je destine, avant de m’endormir, à regarder sous la flamme pâlement jaunie de la lampe, mes impressions de chaque jour.

J’eus peine à me ressouvenir : les lettres dégrafées gisaient à droite, à gauche, comme les petits ressorts d’une mécanique très vieille, pleine de poussière. Mais la rue où je les avais trouvées jointes, la forme de l’enseigne, le badigeonnage de la façade et surtout la minute d’ombre sur la murale page du soleil dressèrent le mot, glorieusement entier. Je le vis surgir, et cette fois, avec sa personnalité et inquiétante volonté de durer pour ma méditation et mon angoisse.

Je le répétai plusieurs fois de suite, machinalement, ne m’inquiétant ni du sens ni de son âme. Chaque syllabe, sonna comme un timbre d’instrument particulier, les signes se mirent à dessiner leur silhouette, ils me furent un graphique décor, complice de l’harmonie fondamentale des voyelles. Pour satisfaire mon irrésistible désir, je me plus à chanter un air monotone et sans presque le vouloir, le mot s’adaptant à ma musique, le mot ! m’apparut profondément noir.

Je le vis devant moi comme une chose d’ébène fourbie aux angles, avec des mains de lumière. Une forme de catafalque lentement se dégagea, barré de croix. Etymologiquement il ne désignait ni un cercueil ni une draperie, mais des sons de cloches et d’orgue, et des échevellements de torches jetaient leur drame à travers. Il évoquait des soirs de Dies irae interminables, clamés interminablement en des ténèbres de cryptes ou d’absides par de prêtres, sous l’oblique tranchant d’effrayants luminaires.

Peu à peu – et mon absurdité étant de voir s’aggraver l’intensité de la vie – je le vis se mouvoir et acquérir comme une apparence humaine. Du catafalque encore braséant devant mes yeux, il m’avait semblé voir se dégager une forme bientôt confondue avec la fumée multicolore des cierges. Je ne m’étais trompé guère, puisque tout à coup voilà que m’apparut une figuration prévue latente entre les lettres du mot.

Désormais quelqu’un, il ne se sépara de moi. Assidu comme un ami, mais aussi comme un mesureur scrupuleux de mes pensées et de mes actes, tandis que je réfléchissais, je sentais mon cerveau illuminé et comme violé : il traversait mes yeux. Je ne m’éprouvais plus librement penser. Les funèbres certitudes, les à tout jamais déplorables cogitations, la mort ! décidaient de mes réflexions. Je marchais par des allées de pierres sur des linceuls de dalles blanches. Au bout, il était là toujours, corps d’ëbène, avec ses yeux comme des cous d’argent. Et non seulement le soir, mais le jour, en face du merveilleux soleil suspendant des prismes aux franges des nuages. Il dominait ma vision et mon oreille n’entendait que son pas.

Dites, les pressentiments morbides, les vêtements de deuils inconsciemment portés, les larmes douces de Dieu savait quel trépassé, la peur des clartés soudainement éteintes, les silences atrocement gardés, les sourires, hélas ! les hypocrites sourires crispés en masques sur l’intimité de ma toujours pâle terreur. Il m’arrivait de n’oser point ouvrir une porte : derrière il était là, debout – d’hésiter à gagner mon lit : dans le froid des draps froids, il était là, couché. Quand me battaient les tempes, j’écoutais des marteaux battre de la folie, et c’était comme en des temples de marbre nocturnes qu’on sonnait à ténèbres, qu’on sonnait et sonnait à ténèbres, interminablement, pour ma raison.

Je me mis à lire des livres : les pages, sous la fièvre de mes doigts, s’agitaient d’un innombrable tumulte d’ailes fatales ; les phrases de fer, avec les pointes de leurs lettres, sautaient du texte, hostiles comme des vrilles, et vers mes regards, droites. Des jours et des jours dans ma chambre et néanmoins redoutant cette solitude, de derrière mes fenêtres, souvent il m’est arrivé de tendre d’inlassables bras vers les nuages du soir que les automnes sculptaient et cassaient au vent du Nord et qui paraient en colère là-bas les uns comme les autres s’écraser dans a mer. Quelques portraits, je n’osais les fixer : les mains certes tenaient entre leurs doits des fleurs banales ; mais la bouche, mais les lèvres de quelle syllabe dite, de quelle syllabe lentement prononcée, étaient-elles donc mortes ?

Je vécus ainsi longtemps dans la chapelle ardente de sa présence, parmi des cierges et des flambeaux. A telle heure du jour, sa hantise me tirait violemment vers l’alcôve fermée où mon père s’était raidi en cadavre. Et moi-même, je me sentais m’en aller, cloué en bière, entouré de cierges, hélé par des tombes, descendu dans la terre, tandis que lui, le mot, on le plaquait noir sur noir, contre la pierre de mon cerveau.

(Societé nouvelle, 1888)

Una palabra

Emile Verhaeren

(Traducción de Joaquín Rodríguez Beltrán)

Hay palabras que son de una voluntad tal, que el disfrutar de su música o su gesto, lentamente, termina por imantar a toda la mente. Yo viví con una de ellas, un año completo, compañera asidua por la mañana, huésped por la noche. Me dejé seducir por su vida profunda y punzante, y ahora todavía está frente a mí, taciturna, pavorosa, como un gran enfermo que, seguro de ser obedecido por el solo aplomo de sus miradas, impone: –“Escribe.”

El día de nuestro encuentro, no era más que un manojo cualquiera de mayúsculas, una cosa fría, de madera. La había leído en un letrero. Unas ropas que colgaban de un balcón le pusieron la repentina ráfaga de su sombra, y este pasar como de un ala, quebrada no obstante por la victoria definitiva del sol, la hizo brotar de su inmovilidad. Aunque después volvió a caer en su letargo de materia, para mí, tal vez sólo para mí, era algo que me había dado una señal. La recogí tal cual y la deposité en un cajón de mi memoria, ahí, hasta el momento de la noche que dedico, antes de dormirme, a mirar bajo la flama pálidamente amarillenta de la lámpara mis impresiones de cada día.

Me costó trabajo acordarme: las letras desencajadas yacían a la derecha, a la izquierda, como los pequeños resortes de una maquinaria muy vieja, repleta de polvo. Pero la calle donde las había encontrado unidas, la forma del letrero, el encalado de la fachada y, sobre todo, el minuto de sombra sobre la página mural del sol enderezaron la palabra, gloriosamente completa. La vi surgir, y esta vez, con su personal e inquietante voluntad de durar para mi meditación y mi angustia.

La repetí muchas veces al hilo, maquinalmente, sin preocuparme por el sentido ni por su alma. Cada sílaba sonó como el timbre de un instrumento particular, los signos se pusieron a dibujar su propia silueta, se me presentaron como un decorado gráfico, cómplice de la armonía fundamental de las vocales. Para satisfacer mi irresistible deseo, me di el gusto de cantar un aire monótono, y casi sin quererlo, adaptándose la palabra a la música, ¡la palabra!, me apareció profundamente negra.

La vi ante mí como una cosa de ébano bruñida por las esquinas, con manos de luz. Una forma de catafalco lentamente se desprendió, poblada de cruces. Etimológicamente, no designaba ni un ataúd ni paños fúnebres, pero sonidos de campanas y de órgano, y descabellamientos de antorchas lanzaban su drama por medio de ella. Evocaba noches de Dies irae interminables, clamados interminablemente por sacerdotes en tinieblas de criptas o de ábsides, bajo el oblicuo cortante de luminarias espantosas.

Poco a poco, al tiempo que mi absurdo formaba parte de ese ver cómo se agravaba la intensidad de la vida, la vi moverse y adquirir como una apariencia humana. Del catafalco que aún ardía ante mis ojos, me había parecido ver desprenderse una forma pronto confundida con el humo multicolor de los cirios. No me había equivocado, pues de golpe me apareció una figuración al principio vaga, pronto vívida, la misma que había vislumbrado latente entre las letras de la palabra.

Y ella, ya alguien a partir de ese momento, no se separó de mí. Asidua como un amigo, pero también como un tasador escrupuloso de mis pensamientos y mis actos. Mientras reflexionaba, sentía mi cerebro iluminado y como violado: me atravesaba los ojos. Ya no me podía comprobar pensando libremente. Las fúnebres certezas, las para siempre deplorables cogitaciones, ¡la muerte!, decidían mis reflexiones. Andaba por caminos de piedras, sobre mortajas de baldosas blancas. Al final, ahí estaba ella siempre, cuerpo de ébano, con los ojos como clavos de plata. Y no sólo de noche, sino de día, frente al maravilloso sol que suspendía prismas de los caireles de las nubes. Dominaba mi visión, y mi oído no escuchaba sino su paso.

Habla. Los presentimientos mórbidos, las vestimentas de lutos inconscientemente llevados, las lágrimas dulces de sabrá Dios qué fallecido, el miedo a claridades súbitamente apagadas­, los silencios atrozmente guardados, las sonrisas, ¡ay!, las hipócritas sonrisas crispadas en máscaras sobre la intimidad de mi siempre pálido terror. Me ocurría que no me atrevía siquiera a abrir una puerta: ahí detrás estaba ella, de pie; que dudaba de llegar a la cama: en el frío de las sábanas frías, ahí estaba ella, acostada. Cuando me palpitaban las sienes, escuchaba martillos azotando enloquecidos, y eso era como en templos de mármol que se hacían sonar en las tinieblas, que se hacían sonar y sonar en las tinieblas, interminablemente, para mi cordura.

Me puse a leer libros: las páginas, bajo la fiebre de mis dedos, se agitaban por un innombrable tumulto de alas fatales; las frases de hierro, con las puntas de sus letras, saltaban del texto, hostiles como barrenas, y directo hacia mis miradas. Días y días solo en mi cuarto y sin embargo temiendo esta soledad. Desde detrás de mis ventanas, con frecuencia me ocurrió que tendía incansables brazos hacia las nubes de la tarde que los otoños esculpían y destruían con el viento del norte, y que partían coléricas hacia allá, las unas como las otras, para derrumbarse en el mar. Algunos retratos, no me atrevía a verlos detenidamente: las manos seguras asían entre sus dedos flores banales; ¿pero acaso la boca, pero acaso los labios de tal sílaba dicha, de tal sílaba lentamente pronunciada, estaban entonces muertos?

Viví así mucho tiempo en la capilla ardiente de su presencia, entre cirios y antorchas. A tal hora del día, su obsesión me arrastraba violentamente hacia la alcoba cerrada donde mi padre se había hecho un tieso cadáver. Y yo mismo sentía que me iba, clavado en ataúd, rodeado de cirios, invocado por tumbas, bajado dentro de la tierra, mientras que a ella, la palabra, me la soldaban en una placa, negro sobre negro, sobre la piedra del cerebro.

(Societé nouvelle, 1888)

miércoles, 24 de agosto de 2011

De una bestia casi fantástica del “Nuevo Mundo”

Hojeando ese monumental libro de Conrad Gessner de mediados del siglo XVI, me encontré algo referente a un supuesto animal de la zona de la Patagonia, esa tierra donde los europeos creyeron ver gigantes. Recuérdese, ante todo, que así como la alquimia y la química, o la astrología y la astronomía, tardaron bastante tiempo en separarse, así también ocurrió con la zoología y con lo que hoy se conoce como “criptozoología”, esa pseudociencia que ha abrevado tanto de los bestiarios medievales y que se esmera en proporcionarnos datos “fidedignos” de los unicornios o los duendes. Y es así como en aquel libro del famoso zoólogo suizo vemos que se entremezclan los animales más insólitos y fantásticos como anfibios o seres acuáticos de múltiples cabezas, con los animales más normales como caballos o perros.

De cualquier modo, la mera extrañeza ante la fauna americana era sin duda en aquellos tiempos un motor particularmente fuerte para que una mente europea plasmara ahí todas sus capacidades imaginativas, tomando aquí y allá relatos o informes de viajeros que lo veían todo bajo el lente de lo exótico o lo enteramente ajeno. Aquí está entonces sólo un ejemplo de toda esa maraña de elementos que han conformado esa noción de lo "éxótico” americano y que, de un modo u otro, persiste hasta la época de formas más sutiles, y por ello más peligrosas.

Por cierto, esto hay que decirlo: el animal que pongo a continuación es precisamente el que usó Gessner en la misma portada de algunas de las ediciones de aquel enorme libro, lo cual es particularmente revelador de la importancia que le dio. Yo no soy zoólogo, y a mí este animal no me parece similar a ningún otro que yo conozca, así que agradeceré los comentarios de cualquier experto en la materia para descifrar el problema de si hay detrás de ello alguna base científica y se trata de una especie que realmente existe o existió.

Conrad Gesneri, Historiae Animalium, Liber I, De quadrupedibus viviparis, p. 371.

Fiera del Nuevo Mundo según Gessner

De fera quadam Novi Orbis quae Su vocatur

Novi Orbis regionem quandam Gigantes (dicti lingua ipsorum Patagones) incolunt : et quoniam coelo non admodum calido fruuntur, vestiunt se pellibus animantis illius, quam Su apellant, id est, aquam ab eo nimirum, quod magna ex parte circa fluvios degat. Est autem omnino rapax haec fera, et formae monstrosae, qualem hic exhibeo. Cum a venatoribus urgetur, suae pellis gratia, catulos suos in dorsum admissos cauda ampla longaque tegit, et fuga elabitur. Itaque dolo scrobe effossa, et frondibus obtecta, una cum catulis capitur. Cum autem ita inclusam se videt, rabie quadam suos catulos obtruncat et occidit : et clamore horribili ipsos etiam ventores terret : a quibus tandem sagitis confossa excoriatur, (Andreas The Vetus cap. 56. Descriptionis Americanae.)

 

De una bestia del Nuevo Mundo llamada “su”.

(Traducción de Joaquín Rodríguez B.)

En una de las regiones del Nuevo Mundo habitan unos gigantes llamados “patagones” en su propia lengua, y puesto que no gozan en absoluto de un clima cálido, se visten con las pieles del animal que ellos llaman “su”, esto es, “agua”, sin duda por el hecho de que se pasa la mayor parte de su vida junto a los ríos. Pero es sumamente rapaz esta bestia, y de forma monstruosa, tal como aquí la muestro. Cuando la acosan los cazadores a causa de su piel, protege con su amplia y larga cola a sus crías puestas sobre su lomo, y se da a la fuga. Y así, una vez que han cavado un hoyo como trampa, y lo han cubierto de follaje, la atrapan junto con sus crías. Pero cuando se ve así atrapada, despedaza y mata con rabia a sus propias crías, y con un clamor horripilante aterroriza incluso a sus mismos cazadores, los cuales al final, una vez traspasada por las flechas, la despellejan. (Andreas The Vetus cap. 56. Descriptionis Americanae).

viernes, 1 de abril de 2011

¿Cómo hubiera respondido un intelectual del siglo V a la eterna pregunta del huevo o la gallina?

Un miembro como Macrobio de los círculos intelectuales de la Roma del siglo V, ante todo, hubiera tomado la pregunta como un juego, y ello en el sentido más positivo del término; es decir, un pretexto para practicar la reflexión por el mero hecho de hacerlo, sin buscar una respuesta definitiva y solo barajando las dos posibilidades. Es casi como tomar la  mente como músculo y no como un medio que, en tanto que tal, deberá revelarnos profundos Macrobiusarcanos.

En Macrobio, el juego retórico se excede a sí mismo. Y es que a partir del mero juego que se desata, Macrobio parece incuso llegar a ideas interesantes, ideas que después serían muy retomadas. Pongamos un ejemplo: ¿no es acaso la misma definición y la noción central del existencialismo, a saber, que la existencia precede a la esencia, un modo de responder a la eterna pregunta sobre el huevo o la gallina? Después de leer el siguiente pasaje de Macrobio, procedente de Las Saturnales, ¿no estarán ustedes de acuerdo conmigo en que aquí Sartre hubiera estado del lado de que el huevo es primero? Sartre hubiera dicho que la gallina esencial es posterior al huevo existencial.

¿Cuántas preguntas habrá que, como ésta, estamos enseñados a despreciar de antemano y que tal vez si nos sentáramos a reflexionar en ellas podrían llevarnos a alguna otra idea de interés? No lo sé. Pero sí sé que fue divertido traducir este pequeño pasaje. Pretende ser una pequeña contribución al notable hecho de que sea tan difícil conseguir en línea la obra de Macrobio traducida. Helo aquí, pertenece al famoso libro Las Saturnales:

Macrobio, Saturnalia, VII, 16, 1-14

1 Inter haec Euangelus gloriae Graecorum invidens et inludens: ‘Facessant’, ait, ‘haec quae inter vos in ostentationem loquacitatis agitantur: quin potius, si quid callet vestra sapientia, scire ex vobis volo, ovumne prius extiterit an gallina?’

2 ‘Inridere te putas’, Disarius ait, ‘et tamen quaestio quam movisti et inquisitu et scitu digna est. Iocum enim tibi de rei vilitate comparans consuluisti utrum prius gallina ex ovo an ovum ex gallina coeperit: sed hoc ita seriis inserendum est, ut de eo debeat vel anxie disputari. Et proferam quae in utramque partem mihi dicenda subvenient, relicturus tibi utrum eorum verius malis videri. 3 Si concedimus omnia quae sunt aliquando coepisse, ovum prius a natura factum iure aestimabitur. Semper enim quod incipit imperfectum adhuc et informe est et ad perfectionem sui per procedentis artis et temporis additamenta formatur: ergo natura fabricans avem ab informi rudimento coepit, et ovum, in quo necdum est species animalis, effecit: ex hoc perfectae avis species extitit procedente paulatim maturitatis effectu. 4 Deinde quicquid a natura variis ornatibus comptum est sine dubio coepit a simplici, et ita contextionis accessione variatum est: ergo ovum visu simplex et undique versum pari specie creatum est, et ex illo varietas ornatum quibus constat avis species absoluta est. 5 Nam sicut elementa prius extiterunt et ita reliqua corpora de commixtione eorum creata sunt: ita rationes seminales quae in ovo sunt, si venialis erit ista translatio, velut quaedam gallinae elementa credenda sunt. 6 Nec importune elementis, de quibus sunt omnia, ovum comparaverim: in omni enim genere animantium quae ex coitione nascuntur invenies ovum aliquorum esse principium instar elementi. Aut enim gradiuntur animantia aut serpunt aut nando volandove vivunt. 7 In gradientibus lacertae et similia ex ovis creantur: quae serpunt ovis nascuntur exordio: volantia universa de ovis prodeunt excepto uno quod incertae naturae est: nam vespertilio volat quidem pellitis alis, sed inter volantia non habendus est, quia quattuor pedibus graditur formatosque pullos parit et nutrit lacte quos generat: nantia paene omnia de ovis oriuntur generis sui, crocodilus vero etiam de testeis qualia sunt volantium. 8 Et, ne videar plus nimio extulisse ovum elementi vocabulo, consule initiatos sacris Liberi patris: in quibus hac veneratione ovum colitur, ut ex forma tereti ac paene sphaerali atque undique versum clausa et includente intra se vitam mundi simulachrum vocetur: mundum autem consensu omnium constat universitatis esse principium.

9 Prodeat qui priorem vult esse gallinam, et in haec verba temptet quod defendit adserere. Ovum rei cuius est nec initium nec finis est: nam initium est semen, finis avis ipsa formata, ovum vero digestio est seminis. Cum ergo semen animalis sit et ovum seminis, ovum ante animal esse non potuit, sicut non potest digestio cibi fieri antequam sit qui edit. 10 Et tale est dicere ovum ante gallinam factum ac si quis dicat matricem ante mulierem factam: et qui interrogat: Quemadmodum gallina sine ovo esse potuit? similis est interroganti quonam pacto homines facti sint ante pudenda de quibus homines procreantur. Unde sicut nemo recte dicet hominem seminis esse, sed semen hominis: ita nec ovi gallinam, sed ovum esse gallinae. 11 Deinde si concedamus ut ab adversa parte dictum est, haec quae sunt ex tempore aliquod sumpsisse principium, natura primum singula animalia perfecta formavit, deinde perpetuam legem dedit ut continuaretur procreatione successio. 12 Perfecta autem in exordio fieri potuisse testimonio sunt nunc quoque non pauca animantia quae de terra et imbre perfecta nascuntur, ut in Aegypto mures, ut aliis in locis ranae serpentesque et similia. Ova autem numquam de terra sunt procreata, quia in illis nulla perfectio est, natura vero perfecta format, et de perfectis ista procedunt, ut de integritate partes. 13 Nam ut concedam ova avium esse seminaria, videamus quid de semine ipso philosophorum definitio testatur, quae ita sancit: Semen est generatio ad eius ex quo est similitudinem pergens: non potest autem ad similitudinem pergi rei quae necdum est, sicut nec semen ex eo quod adhuc non subsistit emanat. 14 Ergo in primo rerum ortu intellegamus, cum ceteris animantibus quae solo semine nascuntur, de quibus non ambigitur quin prius fuerint quam semen suum, aves quoque opifice natura extitisse perfectas: et quia vis generandi inserta sit singulis, ab his iam procedere nascendi modos quos pro diversitate animantium natura variavit. Habes, Evangele, utrobique quod teneas, et dissimulata paulipser inrisione tecum delibera quid sequaris.’

 

¿El huevo o la gallina?

Pasaje de Las Saturnales de Macrobio, VII, 16, 1-14

Traducción de Joaquín Rodríguez Beltrán

 

Y en eso, Evangelo, envidioso por la gloria de los griegos y burlón, dice:

–Acábense esos asuntos que entre ustedes se persiguen para ostentar elocuencia. Más bien, si es tan diestra su sabiduría, quiero que me digan si surgió primero el huevo o la gallina.

–Crees que te burlas –dijo Disario– y sin embargo la cuestión que has planteado es digna tanto de inquirirse como de saberse. Pues haciendo un chiste acerca de un asunto tan vil, has preguntado si brotó primero la gallina del huevo, o el huevo de la gallina; pero esto a tal grado pertenece a los asuntos serios, que con un enorme afán debe discutirse acerca de ello. Y expondré qué cosas se me ocurre que se puedan decir a favor de ambas partes, dejándote a ti cuál de las dos prefieres tomar como más verdadera.

Si aceptamos que todas las cosas que existen alguna vez comenzaron, se pensará con razón que el huevo fue hecho antes por la naturaleza. Pues siempre lo que empieza es aún incompleto e informe, y se forma en su completitud a través de los añadidos de la práctica y el tiempo. Por lo que la naturaleza, al fabricar al ave, comenzó desde un rudimento informe y creó el huevo, en el cual aún no está la apariencia del animal. De ello surgió la apariencia del ave en su totalidad, a medida que el efecto de la madurez avanzaba poco a poco. Y así, cualquier cosa que haya sido embellecida por la naturaleza con variados adornos, sin duda comenzó desde lo simple y de este modo fue transformado por medio de la añadidura de cierto desarrollo. Por lo tanto, el huevo fue creado simple a la vista y con una apariencia similar por todas partes, y de él, la variedad de los adornos de los que resulta la especie del ave fue completada. Pues así como los elementos surgieron primero y, de esta manera, de la mezcla de ellos los demás cuerpos fueron creados, del mismo modo las razones seminales que están en el huevo, si acaso se me permite esta expresión, han de ser consideradas como si fueran elementos de la gallina. Y no de modo inoportuno he comparado el huevo con los elementos de los que está hecho todo, pues en todo el género de seres vivos que nacen del coito encontrarás que el huevo es el principio de algunos, al modo del elemento. Y los seres vivos, o bien caminan o se arrastran, o viven nadando o volando. Entre los que andan, los lagartos y otros semejantes nacen de huevos; los que se arrastran tienen su origen en huevos; todos los que vuelan surgen de huevos excepto uno que es de naturaleza incierta (pues el murciélago, aunque ciertamente vuela con sus alas membranosas, no debe ser clasificado entre las aves, ya que anda en sus cuatro patas y da a luz a crías formadas y alimenta con leche a los que engendra); y los que nadan casi todos nacen de huevos de su género, el cocodrilo incluso con cáscara, al igual que los voladores. Y para que no parezca que he exaltado en demasía el huevo con el nombre de elemento, consulta a los iniciados en los rituales del padre Baco: en ellos, el huevo es adorado con tal veneración, que, a partir de su forma torneada y casi esférica, y cerrada hacia todas partes, conteniendo dentro de sí la vida, se le ha llamado el “simulacro del mundo”. Consta, en efecto, según consenso de todos, que el mundo es el principio de cuanto existe.

Que venga el que pretende que la gallina es lo primero, y que contra estas palabras intente armar su defensa. El huevo no es ni el inicio ni el fin de aquello de lo cual es huevo. Pues el inicio es la simiente; el fin, el ave ya formada; pero el huevo es el resultado procesado de la simiente. Por lo que, al provenir la simiente del animal y el huevo de la simiente, el huevo no pudo ser antes que el animal, así como no puede haber digestión de un alimento antes que haya quien lo coma. Y decir que el huevo se hizo antes que la gallina es como si alguien dijera que la matriz se hizo antes que la mujer. Y quien pregunta “¿Cómo pudo existir la gallina sin el huevo?” se parece al que pregunta “¿De qué modo podrían los hombres haber sido hechos antes que las partes pudendas de las cuales se procrean los hombres?”. De donde se sigue que, así como nadie dirá correctamente que el hombre es de la simiente, sino que la simiente es del hombre, así también, no que la gallina es del huevo, sino que el huevo es de la gallina. Además, si aceptamos, tal como lo dijo la parte contraria, que las cosas que existen han tomado un principio en el tiempo, la naturaleza primero formó completo a cada uno de los animales, y luego les otorgó una ley perpetua para que continuara la sucesión por medio de la procreación. Y en testimonio de que desde el principio han podido existir seres completos, hay incluso ahora no pocos seres vivos que nacen completos de la tierra o del agua, como en Egipto los ratones, como en otros lugares las ranas y las serpientes y otros parecidos. Pero he aquí que los huevos nunca son procreados de la tierra, porque en ellos no hay ninguna completitud; y en cambio la naturaleza forma cosas completas y los huevos proceden de ellas, como las partes de la totalidad. Y para que pueda conceder que los huevos son las simientes de las aves, veamos qué atestigua la definición de los filósofos acerca de la simiente misma, que dice así: la simiente es la reproducción encaminada hacia la similitud de la cosa de la cual aquélla deriva. Pero no es posible encaminarse hacia la similitud de algo que aún no existe, así como tampoco la semilla emana de aquello que aún no existe. Por lo tanto, en el origen primero de las cosas, hemos de comprender que, junto con los demás seres vivientes que sólo nacen de la simiente, de los cuales no se discute que hayan existido primero que su simiente, también las aves han nacido completas con la naturaleza como artesana; y que, puesto que el poder de engendrar está latente en cada ser, de éstos proceden ya los modos del nacer, modos que la naturaleza ha transformado en pro de la diversidad de los seres.

Aquí tienes, Evangelo, lo que puedes tomar por cada lado, y disimulada por un momento la burla, piensa cuál seguirás.

domingo, 1 de agosto de 2010

Anatole France y un cuento suyo prácticamente olvidado: “El priorato”

 

Un día, andando por Coyoacán, entré casualmente a una de esas librerías “de viejo” y después de un rato di con un libro que meimage interesó. Había pedido prestada la escalera y estaba merodeando en el sexto o séptimo nivel de un librero enorme. Ahí, en un rincón, leí en el lomo de un librito color verde oscuro: “Anatole France, Le  jardin d'Épicure”. El nombre del autor me sonó familiar al instante y lo hojeé. Me decidí a comprarlo por 60 pesos a pesar de lo empolvado y de lo negras que me dejó las manos.

Sin duda, el nombre me pareció conocido porque Anatole France es  uno de esos autores que uno encuentra citados continuamente en los lugares más diversos; pero también es uno de esos escritores que, paradójicamente, hoy en día parecen ser poco leídos de manera directa.

Pongo aquí, pues, mi pequeña contribución a que se conozca un poco más este autor. Se trata de un cuento del cual  –hasta donde yo sé- no había traducción alguna al español. Es lo que muchos catalogarían como “cuento filosófico”. Vale la pena reflexionar junto con él.

 

Le Prieuré

Anatole France

A Teodor de Wyzewa.

Je trouvai mon ami Jean dans le vieux prieuré dont il habite les ruines depuis dix ans. Il me reçut avec la joie tranquille d’un ermite délivré de nos craintes et de nos espérances et me fit descendre au verger inculte où, chaque matin, il fume sa pipe de terre entre ses pruniers couverts de mousse. Là, nous nous assîmes, en attendant le déjeuner, sur un banc, devant une table boiteuse, au pied d’un mur écroulé où la saponaire balance les grappes rosées de ses fleurs en même temps flétries et fraîches. La lumière du ciel tremblait aux feuilles des peupliers qui murmuraient sur le bord du chemin. Une tristesse infinie et douce passait sur nos têtes avec des nuages d’un gris pâle.

Après m’avoir demandé, par un reste de politesse, des nouveles de ma santé et de mes affaires, Jean me dit d’une voix lente, le front sourcilleux :

– Bien que je ne lise jamais, mon ignorance n’est pas si bien gardée qu’il ne me soit parveu dans mon ermitage, que vous avez naguère contredit, à la deuxième page d’un journal, un prophète assez ami des hommes pour enseigner que la science et l’intelligence sont la source et la fontaine, le puits et la citerne de tous les maux dont souffrent les hommes. Ce prophète, si j’ai de bons avis, soutenait que, pour rendre la vie innocente et même aimable, il suffit de renoncer à la pensée et à la connaissance et qu’il n’est de bonheur au monde que dans une aveugle et douce charité. Sages préceptes, maximes salutaires, qu’il eut seulement le tort d’exprimer et la faiblesse de mettre en beau langage, sans s’apercevoir que combattre l’art avec art et l’esprit avec esprit, c’est se condamner à ne vaincre que pour l’esprit et pour l’art. Vous me rendrez cette justice, mon ami, que je ne suis pas tombé dans cette pitoyable contradiction et que j’ai renoncé à penser et à écrire dès que j’ai reconnu que la pensée est mauvaise et l’écriture funeste. Cette sagesse m’est venue, vous le savez, en 1882, après la publication d’un petit livre de philosophie qui m’avait coûté mille peines et que les philosophes méprisèrent parce qu’il était écrit avec élégance. J’y démontrais que le monde et inintelligible, et je me fâchai quand on me répondit qu’en effet je ne l’avais pas compris. Je voulus alors défendre mon livre ; mais, l’ayant relu, je ne parvins pas à en retrouver le sens exact. Je m’aperçus que j’étais aussi obscur que les plus grands métaphysiciens et qu’on me faisait tort en ne m’accordant pas une part de l’admiration qu’ils inspirent. C’est ce qui me détacha tout à fait des spéculations trascendantes.  Je me tournai vers les sciences d’observation et j’étudiai la physiologie. Les principes en sont assez stables depuis une trentaine d’années. Ils consistent à fixer proprement une grenouille avec des épingles sur une planche de liège et à l’ouvrir pour observer les nerfs et le coeur, qui est double. Mais je reconnus tout de suite que, par cette méthode, il faudrait beacoup plus de temps que n’en promet la vie pour découvrir le secret profond des êtres. Je sentis la vanité de la science pure, qui, n’embassant qu’un parcelle infiniment petite des phénomènes, surprend des rapports trop peu nombreux pour former un système soutenable. Je pensai un moment me jeter dans l’industrie. Ma douceur naturelle m’arrêta. Il n’y a pas d’entreprise dont on puisse dire d’avance si elle fera plus de bien que de mal. Christophe Colomb, qui vécut et mourut comme un saint et porta l’habit du bon saint François, n’aurait pas cherché, sans doute, le chemin des Indes s’il avait prévu que sa découverte causerait la massacre de tant peuples rouges, à la vérité vicieux et cruels, mais sensibles à la souffrance, et qu’il apporterait dans la vieille Europe, avec l’or du Nouveau Monde, des maladies et des crimes inconnus. Je frissonnai quand de fort hônnetes gens parlèrent de m’intéresser dans des affaires de canons, de fusils et d’explosifs où ils avaient gagné de l’argent et des honneurs. Je ne doutais plus que la civilisation, comme on la nomme, ne fût une barbarie savante et je résolus de devenir un souvage. Il ne me fut pas difficile d’exécuter ce dessein à trente lieues de Paris, dans ce petit pays qui se dépeuple tous les jours. Vous avez vu sur la rue du village des maisons en ruine. Tous les fils des paysans quittent pour la ville une terre trop morcelée, qui ne peut plus les nourrir.

» On prévoit le jour où un habile homme, achetant tous ces champs, reconstituera la grande propriété, et nous verrons peut-être le petit cultivateur disparaître de la campagne, comme déjà le petit commerçant tend à disparaître des grandes villes. Il en sera ce qu’il pourra. Je n’en prends nul souci. J’ai acheté pour six mille francs les restes d’un ancien prieuré, avec un bel escalier de pierre dans une tour et ce verger que je ne cultive pas. J’y passe le temps à regarder les nuages dans le ciel ou, sur l’herbe, les fusées blanches de la carotte sauvage. Cela vaut mieux, sans doute, que d’ouvrir des grenouilles ou que de créer un nouveau type de torpilleur.

» Quand la nuit est belle, si je ne dors pas, je regarde les étoiles, qui me font plaisir à voir depuis que j’ai oublié leurs noms. Je ne reçois personne, je ne pense à rien. Je n’ai pris soin ni de vous attirer dans ma retraite ni de vous en écarter.

» Je suis heureux de vous offrir une omelette, du vin et du tabac. Mais je ne vous cache pas qu’il m’est encore plus agréable de donner à mon chien, à mes lapins et à mes pigeons le pain quotidien, qui répare leurs forces, dont ils ne se serviront pas mal à propos pour écrire des romans qui troublent les cœurs ou des traités de physiologie qui empoisonnent l’existence.

A ce moment, une belle fille, aux joues rouges, avec des yeux d’un bleu pâle, apporta des œufs et une bouteille de vin gris. Je demandai à mon ami Jean s’il haïssait les arts et les lettres à l’égal des sciences.

— Non pas, me dit-il : il y a dans les arts une puérilité qui désarme la haine. Ce sont des jeux d’enfants. Les peintres, les sculpteurs barbouillent des images et font des poupées. Voilà tout! Il n’y aurait pas grand mal à cela. Il faudrait même savoir gré aux poètes de n’employer les mots après les avoir depouillés de toute signification si les malheureux qui se livrent à cet amusement ne le prenaient point au sérieux et s’ils ne devenaient point odieusement égoïstes, irritables, jaloux, envieux, maniaques et déments. Ils attachent à ces niaiseries des idées de gloire. Ce qui prouve leur délire. Car de toutes les illusions qui peuvent naître dans un cerveau malade, la gloire est bien la plus ridicule et la plus funeste. C’est ce qui me fait pitié. Ici, les laboureurs chantent dans le sillon les chansons des aïeux ; les bergers, assis au penchant des collines, taillent avec leur couteau des figures dans les racines de buis, et las ménagères pétrissent, pour les fêtes religieuses, des pains en forme de colombes. Ce sont là des arts innocents, que l’orgueil n’empoisonne pas. Ils sont faciles et proportionnés à la faiblesse humaine. Au contraire, les arts des villes exigent un effort, et tout effort produit la souffrance.

« Mais ce qui afflige, enlaidit et déforme excessivement les hommes, c’est la science, qui les met en rapport avec des objets auxquels ils sont disproportionnés et altère les conditions véritables de leur commere avec la nature. Elle les excite à comprendre, quand il est évident qu’un animal est fait pour sentir et ne pas comprendre ; elle développe le cerveau, qui est un organe inutile, aux dépens des organes utiles, que nous avons en commun avec les bêtes ; elle nous détourne de la jouissance, dont nous sentons le besoin instinctif ; elle nous tourmente par d’affreuses illusions, en nous répresentant des monstres qui n’existent que par elle ; elle crée notre petitesse en mesurant les astres, la brièveté de la vie en évaluant l’âge de la terre, notre infirmité en nous faisant soupçonner ce que nous ne pouvons ni voir ni atteindre, notre ignorance en nous cognant sans cesse à l’inconnaissable et notr misère en multipliant nos curiosites sans les satisfaire.

«  Je ne parle que de ses spéculations pures. Quand elle passe à l’application, elle n’invente que des appareils de torture et des machines dans lesquelles les malheureux humains sont suppliciés. Visitez quelque cité industrielle ou descendez dans une mine, et dites si ce que vous voyez passe pas tout ce que les théologiens les plus féroces ont imaginé de l’enfer. Pourtant, on doute, à la réflexion, si les produits de l’industrie ne sont pas moins nuisibles aux pouvres qui les fabriquent qu’aux riches qui s’en servent et si, de tous les maux de la vie, le luxe n’est point le pire. J’ai connu des êtres de toutes les conditions : je n’en ei point rencontré de si misérables qu’une femme du monde, jeune et jolie, qui dépense, à Paris, chaque année, cinquante mille francs pour ses robes. C’est un état qui conduit à la névrose incurable. »

La belle fille aux yeux clairs nous versa le café avec un air de stupidité heureuse.

Mon ami Jean me la désigna du bout de sa pipe qu’il venait de bourrer:

– Voyez, me dit-il, cette fille qui ne mange que du lard et du pain et qui portait, hier, au bout d’une fourche les bottes de paille dont elle a encore des brins dans les cheveux. Elle est heureuse et, quoi qu’elle fasse, innocente. Car c’est la science et la civilisation qui ont créé le mal moral avec le mal physique. Je suis presque aussi heureux qu’elle, étant presque aussi stupide. Ne pensant à rien, je ne me tourmente plus. N’agissant pas, je ne crains pas de mal faire. Je ne cultive pas même mon jardin, de peur d’accomplir un cte dont je ne pourrais pas calculer les conséquences. De la sorte, je suis parfaitement tranquille.

– A votre place, lui dis-je, je n’aurais pas cette quiétude. Vous n’avez pas supprimé assez complètement en vous la connaissance, la pensée et l’action pour goûter une paix légitime. Prenez-y garde. Quoi qu’on fasse, vivre, c’est agir. Les suites d’une découverte scientifique ou d’une invention vous effraient parce qu’elle sont incalculables. Vous faites bien de l’honneur à l’intelligence, à la science et à l’industrie en croyant qu’elles tissent seules de leurs mains les filets des destinées. Les forces inconscientes en ferment aussi plus d’une maille. Peut-on prévoir l’effet d’un petit caillou qui tombe d’une montagne? Cet effet peut être plus considerable pour le sort de l’humanité que la publication du Novum Organum ou que la découverte de l’électricité.

« Ce n’était un acte ni bien original, ni bien réfléchi, ni, à coup sûr, d’ordre scientifique que celui auquel Alexandre ou Napoléon dut de naître. Toutefois des millions de destinées en furent traversées. Sait-on jamais la valeur et le véritable sens de ce que l’on fait? Il y a dans les Mille et une Nuits un conte auquel je ne puis me défendre d’attacher une signification philosophique. C’est l’histoire de ce marchand arabe qui, au retour d’un pèlerinage à la Mecque, s’assied au bord d’un fontaine pour manger des dattes, dont il jette les noyaux en l’air. Un de ces noyaux tue le fils invisible d’un Génie. Le pauvre homme ne croyait pas tant faire ave un noyau, et, quand on l’instruisit de son crime, il en demeura stupide. Il n’avait pas assez médité sur les conséquences possibles de toute action. Savons-nous jamais si, quand nous levons les bras, nous ne frappons pas, comme fit le marchand, un génie de l’air? A votre place je ne serais pas tranquille. Qui vous dit, mon ami, que votre repos dans ce prieuré couvert de lierre et de saxifrages n’est pas un acte d’un importance plus grande pour l’humanité que les découverts de tous les savants, et d’un effet véritablement désastreux dans l’avenir? »

– Ce n’est pas probable.

– Ce n’est pas impossible. Vous menez une vie singulière. Vous tenez des propos étranges qui peuvent être recueillis et publiés. Il n’en faudrait pas plus, dans certaines circonstances, pour devenir, malgré vous, et même à votre insu, le fondateur d’une religion qui serait embrassée par des millions d’hommes, qu’elle rendrait malheureux et méchants et qui massacraraient en votre nom des milliers d’autres hommes.

– Il faudrait donc mourir pour être innocent et traquille?

– Prenez-y garde encore : mourir, c’est accomplir un acte d’un portée incalculable.

(Anatole France, Le jardin d’Épicure, Calmann-Lévy Éditeurs, París, 1921, pp.225-238)

 

El priorato

Anatole France

(Traducción de Joaquín Rodríguez B.)

Encontré a mi amigo Jean en el viejo priorato cuyas ruinas habita desde hace diez años. Me recibió con la alegría tranquila de un eremita despojado de nuestros miedos y de nuestras esperanzas y me hizo bajar al vergel sin cultivar donde cada mañana fuma su pipa de tierra entre sus ciruelos cubiertos de musgo. Ahí nos sentamos, esperando el desayuno sobre una banca, frente a una mesa coja, al pie de un muro caído en el que la jabonaria balanceaba los racimos rosados de sus flores al mismo tiempo marchitas y frescas. La luz del cielo parpadeaba entre las hojas de los álamos que murmuraban al borde del camino. Una tristeza infinita y dulce pasaba sobre nuestras cabezas junto con unas nubes de un gris pálido.

Después de haberme pedido, por un resto de cortesía, noticias de mi salud y de mis asuntos, Jean me dijo con voz lenta y rostro severo:

– Aunque no leo nunca, mi ignorancia no está lo suficientemente resguardada como para que no llegara en mi retiro –que usted hace mucho tiempo atacó en la segunda página de un diario– un profeta muy amigo de los hombres para enseñar que la ciencia y la inteligencia son el origen y la fuente, el pozo y la cisterna de todos los males que sufren los hombres. Este profeta, si mal no recuerdo, sostenía que para hacer la vida inocente e incluso amable basta con renunciar al pensamiento y al conocimiento y que no hay felicidad en el mundo más que en una ciega y dulce caridad. Sabios preceptos, máximas saludables, que él tuvo sólo el error de expresar y la debilidad de ponerlos en un lenguaje bello, sin darse cuenta de que combatir el arte con el arte y la mente con la mente es condenarse a no vencer sino a favor de la mente y a favor del arte. Me concederá usted esto, amigo mío: que yo no he caído en esta lamentable contradicción y que renuncié a pensar y a escribir en cuanto noté que el pensamiento es malo y la escritura, funesta. Esta cordura me llegó, usted lo sabe, en 1882, después de la publicación de un pequeño libro de filosofía que me había costado mil penalidades y que los filósofos despreciaron porque estaba escrito con elegancia. Demostraba ahí que el mundo es ininteligible, y me irrité cuando me respondieron que, en efecto, no lo había comprendido. Quise entonces defender mi libro, pero después de releerlo no conseguí encontrarle otra vez su sentido exacto. Me percaté entonces que yo era tan oscuro como los más grandes metafísicos y que se actuaba en mi perjuicio al no concederme una parte de la admiración que ellos inspiran. Eso fue lo que me alejó totalmente de las especulaciones trascendentes. Me volví hacia las ciencias de observación y estudié fisiología. Sus principios son bastante estables desde hace una treintena de años. Consisten en inmovilizar apropiadamente una rana con agujas sobre una tabla de corcho y abrirla para observar los nervios y el corazón, que es doble. Pero me di cuenta en seguida que, con este método, se necesitaría mucho más tiempo que el que promete la vida para descubrir el secreto profundo de los seres. Sentí la vanidad de la ciencia pura, la cual, abarcando sólo una parcela infinitamente pequeña de fenómenos, descubre correspondencias demasiado escasas para formar un sistema sustentable. Pensé un momento en lanzarme a la industria. Mi bondad natural me detuvo. No hay empresa alguna de la cual se pueda decir por adelantado si hará más bien que mal. Cristóbal Colón, que vivió y murió como un santo y llevó el hábito del buen san Francisco, no habría buscado, sin duda, el camino de las Indias si hubiera previsto que su descubrimiento causaría la masacre de tantos pueblos rojos, en verdad viciosos y crueles, pero sensibles al sufrimiento, y que llevaría a la vieja Europa, junto con el oro del Nuevo Mundo, enfermedades y crímenes desconocidos. Me estremecí cuando personas sumamente honestas hablaron de que me interesara en asuntos de cañones, fusiles y explosivos, donde ellos habían ganado dinero y honores. Ya no dudé más que la civilización, como la llaman, fuera una barbarie sabia y decidí volverme un salvaje. No me fue difícil cumplir este designio a treinta leguas de París, en esta pequeña región que se despuebla todos los días. Ha visto usted en la calle del pueblo casas en ruinas. Todos los hijos de los nativos abandonan, para ir a la ciudad, una tierra demasiado repartida que ya no puede alimentarlos.

“Se ve venir el día en el que un hombre hábil, comprando todos estos campos, reinstaurará la gran propiedad, y veremos tal vez al pequeño agricultor desaparecer de la región, como ya el pequeño comerciante tiende a desaparecer de las grades ciudades. Pasará lo que tenga que pasar. No me preocupa en absoluto. Compré por seis mil francos los restos de un viejo priorato, con una bella escalera de piedra en una torre y este jardín que no cultivo. Aquí paso el tiempo mirando las nubes en el cielo o, sobre la hierba, los destellos blancos de la zanahoria silvestre. Más vale eso, sin duda, que abrir ranas o crear una nueva clase de buque torpedero.

“Cuando es bella la noche, si no estoy durmiendo, miro las estrellas, que me complacen la vista desde que olvidé sus nombres. No recibo a nadie, no pienso en nada. No tuve el cuidado de atraerlo a usted ni de apartarlo de aquí.

“Me alegra ofrecerle una tortilla (omelette), vino y tabaco. Pero no le oculto que me agrada aun más darles a mi perro, a mis conejos y a mis palomas, el pan cotidiano que repara sus fuerzas, que no desperdiciarán para escribir novelas que afligen los corazones o tratados de fisiología que envenenan la existencia.”

En ese momento, una bella muchacha de mejillas rojizas y ojos de un azul pálido trajo huevos y una botella de vino gris. Le pregunté a mi amigo Jean si odiaba las artes y las letras del mismo modo que las ciencias.

– Para nada –me dijo–; hay en las artes una puerilidad que desarma al odio. Son juegos de niños. Los pintores, los escultores pintarrajean imágenes y hacen muñecas. ¡Y eso es todo! No habría un gran problema en eso. Habría incluso que tener reconocimiento para los poetas por emplear las palabras sólo después de haberlas despojado de todo significado, si los desgraciados que se entregan a este entretenimiento no lo tomaran en serio y si no se hicieran por ello odiosamente egoístas, irritables, celosos, envidiosos, maniáticos y dementes. Les otorgan ideas de gloria a estas necedades, lo cual demuestra su delirio. Pues de todas las ilusiones que pueden nacer en un cerebro enfermo, la gloria es por mucho la más ridícula y la más funesta. Eso es lo que me da lástima. Aquí, los trabajadores cantan en el arado las canciones de los antepasados; los pastores, sentados al pie de las colinas, tallan con su cuchillo figuras en raíces de boj, y las amas de casa amasan pan en forma de palomas para las fiestas religiosas. Éstas son las artes inocentes, que el orgullo no envenena. Son fáciles y acordes a la debilidad humana. En cambio, las artes de las ciudades exigen un esfuerzo, y todo esfuerzo produce sufrimiento.

“Pero lo que aflige, estropea y deforma excesivamente a los hombres es la ciencia, que los pone en relación con objetos con los cuales no guardan proporción y altera las condiciones reales de su interacción con la naturaleza. Ella los incita a comprender, cuando es evidente que un animal está hecho para sentir y no para comprender; desarrolla el cerebro, que es un órgano inútil, en detrimento de los órganos útiles, que tenemos en común con las bestias; nos aleja del placer, por el cual sentimos una necesidad instintiva; nos atormenta con espantosas ilusiones, representándonos monstruos que existen sólo gracias a ella; crea nuestra pequeñez al medir los astros, la brevedad de la vida al evaluar la edad de la tierra, nuestra imperfección al hacernos sospechar lo que no podemos ni ver ni alcanzar, nuestra ignorancia al sacudirnos sin cesar hacia lo incognoscible, y nuestra miseria al multiplicar nuestra curiosidad sin satisfacerla.

“Me refiero sólo a sus especulaciones puras. Cuando pasa a la aplicación, la ciencia no inventa sino aparatos de tortura y máquinas en las que los desgraciados humanos son atormentados. Visite alguna ciudad industrial o baje a una mina, y diga si lo que ve no rebasa todo lo que los teólogos más feroces han imaginado del infierno. Y sin embargo, se duda, al reflexionar, si los productos de la industria son menos dañinos para los pobres que los fabrican que para los ricos que los utilizan, y si de todos los males de la vida el lujo es el peor. He conocido a seres de todas las condiciones: no he encontrado a alguno más miserable que una mujer de mundo, joven y bonita, que gasta en París cada año cincuenta mil francos por sus vestidos. Es un estado que conduce a la neurosis incurable.”

La bella muchacha de ojos claros sirvió el café con un aire de estupidez alegre.

Mi amigo Jean la señaló con el filo de su pipa, que acababa de cargar:

– Mire a esta chica –me dijo– que no come más que tocino y pan, y que ayer arrastraba con el extremo de una horca montones de paja, de los cuales todavía tiene pedazos en el cabello. Es feliz y, haga lo que haga, inocente. Pues son la ciencia y la civilización los que han creado el mal moral junto con el mal físico. Yo soy casi tan feliz como ella, siendo casi tan estúpido. Sin pensar en nada, ya no me atormento. Sin actuar, no temo hacer daño. Ni siquiera cultivo mi jardín, por miedo a cometer un acto cuyas consecuencias no podría calcular. De tal modo, estoy completamente tranquilo.

– En su lugar –le dije–, yo no tendría esta tranquilidad. No ha suprimido por completo en usted el conocimiento, el pensamiento y la acción como para gozar de una paz legítima. Tenga cuidado. Sin importar lo que se haga, vivir es actuar. Los efectos de un descubrimiento científico o de una invención lo asustan porque son incalculables. Pero el pensamiento más simple, el acto más instintivo, también tiene consecuencias incalculables. Le hace usted mucho honor a la inteligencia, a la ciencia y la industria al creer que sólo ellas tejen con sus propias manos la trama de los predestinados. Las fuerzas inconscientes concluyen también más de una urdimbre suya. ¿Se puede prever el efecto de una piedrecilla que cae de una montaña? Este efecto puede ser más considerable para la suerte de la humanidad que la publicación del Novum Organum o que el descubrimiento de la electricidad.

“No fue un acto muy original, ni muy reflexionado, ni, con toda seguridad, de orden científico, aquel en el que Alejandro Magno o Napoleón hubo de nacer. Aun así, millones de predestinados fueron afectados por ello. ¿Acaso se sabe el valor y el verdadero sentido de lo que se hace? En Las Mil y una Noches hay un cuento al cual no puedo evitar adjudicar un significado filosófico. Es la historia de un mercader árabe que, al volver de su peregrinaje a la Meca, se sienta al borde de una fuente para comer dátiles, y arroja las cáscaras al aire. Una de estas cáscaras mata al hijo invisible de un Genio. El pobre hombre no creía poder hacer tanto con una cáscara y, cuando se le hizo ver su crimen, se quedó estupefacto. No había meditado lo suficiente en las posibles consecuencias de toda acción. ¿Acaso sabemos si, cuando levantamos los brazos, no golpeamos un genio del aire como lo hizo el mercader? Si yo fuera usted, no estaría tranquilo. ¿Quién le dice, amigo mío, que su reposo en este priorato cubierto de hiedra y saxífraga no es un acto de una importancia más grande para la humanidad que los descubrimientos de todos los sabios, y de un efecto verdaderamente desastroso para el porvenir?”

– No es probable.

– No es imposible. Usted lleva una vida singular. Tiene ideas extrañas que pueden ser reunidas y publicadas. Y no haría falta más, en ciertas circunstancias, para que se convirtiera, a pesar de usted e incluso sin quererlo, en el fundador de una religión que sería abrazada por millones de hombres, a los cuales volvería desdichados y malvados, y que masacraría a nombre de usted millares de otros hombres.

– ¿Habría entonces que morir para ser inocente y estar tranquilo?

– Tenga cuidado aquí también. Morir es cumplir un acto de una magnitud incalculable.

 

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Solamente añado algo que me pareció interesante del cuento. Es muy llamativo lo que A. France pone con respecto a los efectos de la llegada de Colón a América, al mencionar “la masacre de tantos pueblos rojos, en verdad viciosos y crueles, pero sensibles al sufrimiento”. Parece un caso interesante de arrastre de prejuicios desde épocas remotas hasta el umbral del siglo XX. Hay aquí una línea de pensamiento que va desde Ginés de Sepúlveda, Corneille de Pauw y Chateaubriand, hasta llegar a Anatole France. El problema de los prejuicios es que mientras más nos acercamos a nuestra propia época, con menor facilidad los encontramos, y ello aunque sigan ahí, en una sola línea de un cuento casi olvidado.